Clicker training, travail monté et idées reçues

Campo lors d’un Shooting photos avec Doglight.ch !

Après une petite pause sur le travail monté (1 mois), me voilà de nouveau en selle (enfin sur le tapis de monte à cru) pour une petite séance montée avec Moka et au licol plat (ayant perdu mon licol éthologique…).

Changement depuis la dernière fois ? oui ! puisque ce dernier mois, j’ai exclusivement travaillé Moka dans son pré, en liberté et au clicker training (campo, donner les pieds plus légèrement et en liberté, déplacements des hanches et épaules…etc). Je décide donc de faire une séance montée au clicker (“click” remplacé par un claquement de langue afin de me libérer les mains ce que Moka a très bien compris, je le fait également aux séances à pied).

Un poney réactif

J’ai ressenti ce changement une fois sur lui : me voilà donc sur un petit poney réactif qui cherche beaucoup plus que d’habitude et qui est très vif dans ses réponses. Il me fait des flexions réactives sans lever les yeux au ciel ou soupirer. Je trouve cela bien plus satisfaisant !

Il a fallu aussi se caler sur certaines choses car monsieur ne savait plus marcher en avant et droit 🙂 tout tordu à me proposer des pas de côté dans tous les sens. Enfin, vous voyez le truc. Evidement, à pied, j’ai fait beaucoup de travail statique, ce qui est tout à fait normal. C’est ça aussi le clicker, il faut “poser” nos animaux et ne pas se laisser décourager par ces entrains de motivation qui ressemblent parfois à du gros n’importe quoi…il suffit de ne pas récompenser ce genre de débordements et de surtout ne pas tarder à mettre en places des codes / signaux clairs que ça soit à pied où monté lorsqu’un comportement est acquis.

Une séance orientée sur la réactivité des transitions

Je décide donc d’orienter la séance sur la mise en avant et la réactivité des transitions montantes.
Les transitions descendantes ne sont pas un problème avec Moka.

Pas > trot, c’est vraiment pas mal. Il répond bien à la voix. Je dois maintenant travailler le maintien de l’allure et chercher un trot plus rebondissant et élancé. Pas forcément plus rapide mais plus dynamique.

Arrêt > trot, à travailler car Moka passe systématiquement par le pas.

Et enfin trot > départ au galop, que je n’avais jusqu’à maintenant jamais demandé à Moka monté et dans le travail en “carrière”. Oui cela peut paraitre un peu bizarre pour certains…mais on avait tout un tas de choses à caler avant de passer à ça. Je décide de faire le côté où Moka est le plus à l’aise. C’est clairement un test pour nous deux. Et nickel. Il me propose un petit départ sur un galop tout mignon, tout posé. “Click” > Moka pile net (il est tellement mignon) puis récompense. Trop fière de lui 🙂 : oui, je sais, cela peut paraitre pas grand chose pour certains. Mais je suis fière, Moka me fait ses départs en pleine conscience, dans le calme, de manière volontaire et à la voix. On ré essaye une seconde fois où il hésite. La carrière d’herbe laisse peu de place et d’endroits pour prendre le galop car elle est n’est pas très plate et présente pas mal de trous sur un côté. Pas grave, on recommence. Et là nickel, je click un tout petit peu plus tard afin de récompenser le maintient de l’allure sur 2/3 foulées ! parfait et d’ailleurs tellement parfait que je descends et récompense vivement Moka ! Tellement contente de lui…
Je n’ai pas travaillé le côté gauche, ça sera pour une prochaine fois. Je pars du principe qu’il n’est pas nécessaire d’insister quand on obtient de belles choses.

Une fois pied à terre, Moka semblait tout motiver pour un peu de travail à pied. Nous avons donc fait un peu de Campo qu’il adore proposer.

La séance n’aura duré qu’une quinzaine de minutes. Une séance pleinement satisfaisante où Moka était avec moi à 100% et très à l’écoute. J’ai adoré et j’ai pris un plaisir fou !

Idées reçues au clicker training

Suis-je vouer à toujours récompenser Moka ?

Alors ça, c’est la question qui doit, je le pense revenir le plus souvent sur l’apprentissage au clicker…comme si il y avait une crainte derrière tout ça. La réponse est oui et non.

Oui car si vous cessez la gourmandise, le cheval va y perdre de plus en plus d’intérêt. Il est prouvé scientifiquement que la récompense engendre une libération de dopamine, hormone associée au plaisir. Au clicker, si je ne dis pas de bêtise, l’animal va anticiper et commencer à libérer cette hormone de plus en plus tôt avant même d’avoir obtenu la récompense.

Pour certains, la caresse ou gratouilles sont des récompenses (selon certaines études, la caresse n’est pas perçue de façon positive par le poulain et nécessite un apprentissage pour l’être). Encore faudrait t’il aussi, pour lui donner une forte valeur, ne l’utiliser qu’exclusivement au travail et bien connaître son cheval (zones où il apprécie les gratouilles). Ce sont des récompenses qui peuvent venir appuyer la réussite d’un comportement. La nourriture de type récompenses (pommes, carottes, gourmandises…etc), si elle est utilisée intelligemment et uniquement dans le cadre du travail reste un renforçateur puissant pour le cheval.

Il faut surprendre le cheval. Lorsqu’un comportement est acquis, il faut récompenser de manière aléatoire ou bien augmenter les critères dans la réalisation d’un comportement. Par exemple, pour le départ au galop, je vais le cliquer au début et ensuite je vais cliquer le maintient de l’allure…etc. Au fur et à mesure le cheval apprend à en donner toujours plus. Il ne vas pas se dire “Oh punaise, j’ai fait mon départ au galop et je ne suis même pas cliqué…”. Et alors tout arrêté…non. Il va plutôt être dans une optique de recherche, de stimulation mentale pour déclencher le clique et donc en donner toujours plus. Au clicker, pour améliorer certains comportements, on utilise la frustration (= motivation) afin de perfectionner les comportements et augmenter la réactivité. Cela demande une grosse rigueur, du timing et un bon ratio.

Arrivé à un certain stade,  un enchainement de plusieurs comportements pourra être récompensé.

Avec Flicker, je peux faire de nombreux enchainements de comportements comme on peut le voir sur cette vidéo sans qu’il ne perde de la motivation. Vous pourrez aussi remarquer que pour Flicker, faire ce genre d’exercices est devenu hyper positif et valorisant. Il adore…à un tel point que par moment il serai tout à fait possible de se passer de renforçateur car l’exercice lui même le devient. (Compliqué…hein ?).

Ici j’utilise le jeu en récompense qui est un renforçateur extrêmement fort pour Flicker (ça ne l’est pas pour tous les chiens).

Aussi me vient un autre sujet débat “Le cheval doit travailler pour me faire plaisir”

Avant de faire plaisir, je pense que l’animal doit y trouver une certaine satisfaction.

Nous humains, nous ne travaillons pas gratuitement. Pourquoi les chevaux ne pourraient pas, eux aussi, ne pas en tirer un certain bénéfice autre que les caresses et la satisfaction de son entraineur évidement 🙂 ?
Un cheval est un animal curieux qui aime être stimulé : vous comprendrez vite que l’animal est autant à la recherche de faire l’exercice que d’être récompensé. Il rentre dans une dynamique. Le clicker training offre une ambiance de travail positive…et cela impact directement la relation que l’on peut avoir avec son animal. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais cela a aussi été prouvé scientifiquement.
Quand Moka me propose quelque chose de « génial » lors d’un apprentissage, je saute limite de joie, je le félicite, le gratouille, le récompense. Je lui communique ma « joie ». Les chevaux y sont très sensibles et je suis persuadée qu’ils ressentent une certaine fierté et un certain intérêt à travailler : autre que d’obtenir une récompense alimentaire.

Ce n’est pas parce l’on utilise le clicker training que l’on vit dans le monde des bisounours. Que ça soit avec Flicker ou Moka, j’utilise tous les jours le renforcement négatif et je n’ai aucun problème avec ça…il y a aussi une part d’éducation, des règles de base (ne pas monter dans les chambres pour Flicker, ne pas m’arracher le bras pour brouter pour Moka…etc) pour bien vivre ensemble. C’est aussi une histoire de bon sens…

Je pense aussi être, sur la plupart des règles de base, très ferme et carrée. Ce qui revient à être juste et cohérente.

Respecter ses envies et son ressenti

Evidement…tout dépendra de ce que vous recherchez à faire avec votre cheval et il est aussi important de respecter votre ressenti, vos envies. Il n’y a pas de méthode unique. Si vous n’êtes pas à l’aise avec une méthode, c’est qu’elle ne vous convient pas. Il est important de s’écouter et faire ce qui résonne le plus en nous (du moment que le travail est toujours fait dans le respect du cheval).

Personnellement, quand j’ai eu Moka, j’avais vraiment l’envie de faire avec lui un travail au clicker training. Après l’avoir mis de côté les premiers mois, le temps de mieux se connaitre, je souhaite aujourd’hui, l’expérimenter de plus en plus. Je suis persuadée que l’on va arriver à faire beaucoup de choses, à améliorer jour après jour notre relation. C’est une envie profonde que j’ai en moi. Avant même d’avoir Moka, j’avais cette idée en tête.

Je suis par ailleurs très admirative des personnes qui travaillent sans récompenses (ou presque) et qui se concentrent exclusivement sur la relation homme / cheval tel que Frédéric Pignon et qui restent toujours dans le respect de l’animal et où le comportement de celui-ci reste au centre des préoccupations.

 

Vous avez des questions sur le clicker training ? un avis ? des expériences, un blog où vous en parlez ? n’hésitez pas à partager en commentaires :).

 

Claire Mugnier, Coach en éducation canine & équine positive - Comportementaliste canin & équin